Vous reprendrez bien un peu de grand plan du numérique en rentrée ?

J’avais écrit en avril dernier qu’après le fiasco du ministre précédent, Benoît Hamon ne pourrait qu’expédier les affaires courantes, mais je n’avais pas prévu qu’il les expédierait en courant.

La rentrée qui s’annonce est la plus triste des dernières années. Pendant 10 ans, les gouvernements de droite ont méthodiquement asséché l’Education Nationale, au point qu’au départ du ministre Chatel, le métier de professeur était devenu tellement détesté qu’il était impossible d’en recruter suffisamment (ce qui, pour peu qu’on prenne la peine d’y réfléchir un peu, est une honte nationale).

On pensait avoir touché le fond, mais la gauche a réussi à faire pire encore. Bien que disposant de moyens supplémentaires, Peillon s’est complètement trompé dans le choix de ses priorités. En dépensant plus pour faire la même chose (voir pire), il accrédite l’idée d’une école non réformable dans l’esprit du public. Une école qui est peut-être en train de mourir en tant que symbole d’égalité, tant il est vrai que pour les parents les plus conscients, il devient de plus en plus difficile de confier ses enfants à l’école publique, laïque et obligatoire.

Cynisme ? Manque d’imagination ? Volonté d’agir enfin ? Qui le saura ? François Hollande recycle pour la n-ième fois aujourd’hui le “grand plan numérique” annoncé en 2012 par Vincent Peillon, dont on sait de toutes les façons que, comme il s’intéresse aux usages et non pas à l’enseignement de l’informatique, ce ne sera au final que peu de bruit pour pas grand chose (mon billet de 2012).

Deux éléments du discours de François Hollande suffisent d’ailleurs pour vous éclairer sur l’ampleur du “grand projet numérique”.

• “Nous aurons besoin des collectivités locales pour accompagner ce processus” (Autrement dit, le plan n’est pas financé, ce qui au moins limitera le déficit, on ne peut pas tout avoir).
• “Les élèves seront « formés au codage”. C’est trop beau pour être vrai, semble-t-il ? Eh bien oui, c’est trop beau. Car immédiatement, Najat Vallaud-Belkacem, qui elle, doit savoir ce qu’il en est réellement, complète : “Ils le seront sur le temps périscolaire dans un premier temps” ! “Sur le temps périscolaire… En clair, dans un temps qui n’est plus du ressort de l’Education Nationale sera, peut-être, un jour, si tout va mieux qu’aujourd’hui, enseigné un contenu qu’elle ne définit pas…

(Dans la classe de mon fils, l’activité périscolaire la plus intéressante proposée consiste en un cours de Mako-moulage.).

Sans vision, sans moyens, sans programme (c’est le cas de le dire), l’Etat abandonne depuis 15 ans sa mission fondamentale d’éducation et se défausse sur les collectivités locales, les mairies et l’enseignement privé.

Bonne rentrée.