Il n’y aura pas de publicité sur Alexandra

AlexandraLe modèle économique d’Alexandra est à contre-pied de ce qui se pratique habituellement sur le Web.

C’est une application payante (chaque utilisateur – professeur ou école – paie quelques dizaines d’euros / mois pour l’utilisation de la plate-forme et la diffusion des contenus, auxquels les élèves accèdent eux, gratuitement).

Alexandra est une application éducative où tout contenu peut être mis en ligne et enrichi de nature collaborative. En un sens, c’est un sorte de “YouTube” pour l’enseignement et on s’attendrait de prime abord à ce que, comme YouTube, ce soit gratuit.

Mais le modèle économique de YouTube (et d’ailleurs plus généralement de Google, moteur de recherche compris) est totalement inadapté aux besoins éducatifs.

La raison principale est la suivante: ces modèles sont financés par la publicité. Or la publicité (pas plus que la religion et sans doute même, à notre époque, encore moins que la religion) n’a sa place dans la salle de classe.

Imagine-t-on une salle de classe bourrée d’affiches publicitaires ou d’écrans muraux martelant des messages du style “Les chaises vous sont offertes par Ikea, le réfrigérateur par Coca, ces microscopes par Afflelou ?” (version contextuelle : “Votre professeur porte des chaussettes Kindy ?“).

C’est pourtant ce qui se passe lorsque vous allez faire une recherche sur Google, ce qui se passe lorsque vous consultez une vidéo sur YouTube. Le contenu qui vous est proposé est accompagné de liens commerciaux, réglés pour être les plus pertinents possibles. Lorsque vous cliquez sur ces liens, votre recherche est détournée au profit de la consommation. Il s’agit, au sens étymologique du terme, d’un divertissement, non d’un enrichissement.

Google est gratuit, mais son chiffre d’affaires, c’est la part prise par le moteur sur la surconsommation qu’il engendre. Google transforme notre appétit de savoir en consommation.

Google[1] contribue ainsi au rétrécissement du savoir, comme je l’ai écrit dans une tribune parue dans Libé l’année dernière. Il y contribue d’une façon très profonde car inconsciente (voire paradoxale) et toujours croissante, puisque les liens sponsorisés sont optimisés de façon scientifique pour générer toujours plus de clics.

Toute politique éducative en matière de technologie numérique, au sens noble du terme, doit avoir pour but de réduire le décalage entre « la promesse » (jamais autant de savoir n’a été de fait disponible sur Internet) et l’utilisation réelle, moyenne, statistique, des technologies numériques (Internet aujourd’hui: le temps diverti).

D’une façon générale, les applications « gratuites » dont le revenu est basé sur la publicité devraient sans doute être bannies de l’école.

Dans Alexandra, les contenus seront vus dans un environnement neutre, libre de toute pollution publicitaire.

Et le prix d’Alexandra, c’est le prix à payer pour éviter que l’école ne transforme les élèves en consommateurs, alors que son rôle est de former des citoyens.

[1]Non seulement Google, mais aussi la plupart des applications dites “Web 2.0”, dont le modèle économique est en général de nature publicitaire.

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