La bourre aux temps du corona

En juin 40, juste avant la débâcle, il faisait un temps exceptionnel et aujourd’hui, dans le Nord, nous avons eu un grand soleil, 20°, aucun souffle de vent sur la campagne quasi-morte : je vous laisse en tirer les conclusions qui s’imposent.

A quoi ressemble le confinement d’un chef d’entreprise à l’ère d’Internet ? Ça commence par 35 visioconférences juste pour s’assurer que tout le monde est bien connecté. Mince, la seule personne non connectée est justement celle qui doit transmettre toutes les communications (je ne donne pas son nom, ça suffit pour les références à 1940). J’ai donc survécu 34 fois à la clochette exaspérante de Zoom signalant le début d’une réunion, clochette qui sent bon les magasins des années 70. Certainement cela aura des séquelles à long terme sur mes fonctions cognitives mais je ne sais pas si l’Etat a prévu de m’indemniser, les déclarations de Macron n’étaient pas très claires à ce sujet. Je me dis souvent que j’aurais dû continuer dans la recherche, je suis un post doc contrarié.

Dans ce grand malheur il y a quand même un grand gagnant, quelqu’un qui voterait les yeux fermés, élections annulées ou pas, pour que l’épidémie dure, c’est Iolaos, mon chien. Vous le connaissez, c’est notre mascotte, celle que vous trouvez en haut à gauche du site Web et, bien qu’on ne le reconnaisse pas trop sur le logo, Io touche des royalties indécentes sous forme de droit à l’image.

Io a compris qu’il y avait quelque chose de bizarre quand il a vu que je ne montais pas dans ma voiture à l’heure habituelle – il a rapidement vérifié la date sur mon portable et que se passe-t-il ? Nous ne sommes pourtant pas samedi ? Il m’a regardé tout chose avec ses beaux yeux jaunes, la queue légèrement penchée à gauche, ce qui traduit non pas son inclinaison politique mais un mélange d’inquiétude et d’espoir. D’inquiétude d’abord, parce que Io n’aime pas trop le changement. Il est assez conservateur, voire même carrément plan plan dans ses habitudes. La dernière fois que je suis parti tard, c’était pour l’amener chez le véto –très très mauvais souvenir. Ce matin, il écartait clairement l’éventualité du véto car il ne se sentait nullement malade, protégé qu’il était par la barrière des espèces et l’absence totale de toute tendance à l’hypocondrie mais qui sait ? Je lui préparais peut-être un bain ?

Il a oublié tout ça d’un coup quand on est parti en ballade à 11h, beau temps, pas un chat dehors et pour couronner le tout, des faisans dans les champs. Tout le contraire d’un confinement. J’avais oublié mon attestation, Io aussi, mais Castaner avait heureusement, dès l’aube, omis de quadriller la campagne (soit un trou dans sa raquette, soit la mansuétude du premier jour). Du coup, Io a pris tout son temps et on n’est rentré que 2 h plus tard. On manquait de temps pour tout, et j’ai passé mon après- midi à (ne pas) rattraper mon retard, à la bourre, donc, aux temps du corona. Fin du premier jour.

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