A la frontière franco-belge, du nouveau

Je rappelle que les entrepôts de Speechi sont situés exactement sur la frontière franco-belge (côté français quand même !). On assiste depuis vendredi soir à des scènes de liesse indescriptibles côté belge et nous avons mis ça dans un petit poème qui s’intitule :

Le Wallon ivre 
Le poème original, c’est : Le Dormeur du Val

C’est un trou de verdure où chante un supporter
Accrochant follement des drapeaux aux maisons
De brique. Ici, jamais de coupe du monde sans bière
Pils : c’est un tout petit village franco-wallon.

Un jeune lycéen, bouche ouverte, tête nue,
Le corps emmitouflé dans un frais maillot bleu,
Beugle. Il hurle comme un fou, courant dans la rue,
Regardant son smartphone à la lumière bleue.

Pissant sur les maïs, il court. Titubant comme
Titube tout mec bourré. Ce n’est pas Wimbledon
Qui l’intéresse. Nature, aide-le, il a soif !

Il ne regarde pas Tatiana Golovin.
Les klaxons, il s’en moque. La main sur la poitrine,
Il chante. Il a deux traits rouge et noir sous l’œil droit.

(L’auteur a honte et souhaite rester anonyme)

Juillet 2018.

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud

Octobre 1870

 

8 juillet 2018.

 

france-belgique

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