Souffle d’espoir sur l’Education Nationale

Une excellente critique, très inspirée, de la réforme du collège écrite par notre nouveau Ministre de l’Education Nationale il y a tout juste deux ans. Je suis peut-être trop optimiste mais je me dis que si l’auteur a critiqué à ce point les hauts fonctionnaires quand il n’était que leur alter ego, il saura bien ne pas leur obéir quand il les dirigera.

Extraits ci-dessous, version complète ici.

La réforme du collège proposée par Najat Vallaud Belkacem procède d’une inspiration intéressante mais cette inspiration est dénaturée par une série d’éléments qui la troublent et même la contredisent.

 

La réforme s’accompagne aussi de mesures qui sont directement contradictoires avec l’objectif affiché : la suppression des classes « bilangues », des sections européennes et le sort fait aux langues anciennes. Au moment où on préconise plus d’autonomie, on attaque, au nom de l’égalité et par une injonction verticale, ce qui permet à des établissements de nourrir leur projet éducatif spécifique. Qui plus est, cette décision est accompagnée d’une rhétorique qui brouille les pistes.

 

le ministère a pris ces décisions pour réaliser des économies permettant de financer les autres mesures. Autrement dit, le choix a été fait de casser des dispositifs qui fonctionnent aujourd’hui très bien pour d’hypothétiques lendemains qui chantent. La rhétorique devient abusive quand elle laisse croire que ces dispositifs bénéficient aux classes sociales favorisées.

 

Avec un discours de lutte contre les classes moyennes au profit des classes populaires, on effraie les premières et on lèse en réalité les secondes. La réforme du collège envoie ainsi dès ses prémisses des signaux concrets en contradiction directe avec le message abstrait qu’elle véhicule. Cela pose évidemment un problème de méthodologie politique et crée la confusion qui gêne maintenant la possibilité d’un débat clair.

 

C’est surtout l’inspiration générale de ces textes qui a attiré l’attention, tous cycles confondus. Les commentateurs ont d’abord vu la renaissance d’un jargon que l’on croyait réservé à des errements passés. Tout le travail fait ces dernières années pour montrer que l’Education nationale ne parlait pas ou plus cette novlangue ridicule qui a tant nui à sa réputation a été balayé par des formules dignes d’un Trissotin des temps modernes.

Toutes les déclarations du président du Conseil supérieur des programmes ont plutôt aggravé qu’atténué les critiques que l’on pouvait formuler. Il a répété par exemple que « la grammaire n’est pas un dieu » alors même que le vocabulaire et la grammaire doivent être considérés comme des priorités absolues si l’on souhaite sincèrement un rebond dans la maîtrise du français par les élèves. Et il y a, de fait, dans le projet de programme, une édulcoration de cette priorité.

 

De facto, le président du CSP se place en position de faire la leçon à la ministre et au chef de l’Etat au nom d’une ligne intellectuelle qui serait supérieure au pouvoir politique… Au passage, il confirme donc bien ce que ses détracteurs lui reprochaient. Ce putsch pédagogique réalisé par un Frankenstein institutionnel échappant à ses créateurs produit une situation assez grave en réalité qui interroge sur la façon dont ce conseil a été conçu.

 

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