Comment la réforme du collège fait monter à la fois le niveau du Front National et du terrorisme

 

Une quartette de technocrates en activité, qui se piquent de pédagogie sans avoir jamais enseigné,  a décidé, après trente années d’échec de leur propre politique scolaire, de mettre un point final  à l’école républicaine. Notre Ministre de l’Education Nationale joue pour eux le rôle d’une élégante et talentueuse speakerine.

L’enseignement professionnel a remplacé l’enseignement général

Les enseignements généraux sont détruits. Il y a, bien sûr, l’exemple emblématique des langues anciennes – condamnées, des classes bilingues – supprimées. Mais les horaires de mathématiques, de français sont aussi diminués et les exigences encore abaissées dans toutes les matières.

Des projets transversaux sont créés (les fameux EPI), sans aucune exigence de qualité, sans aucune évaluation préalable. La plupart d’entre eux ont d’ores et déjà pris la forme de lénifiants projets de propagande, avec une forte coloration politiquement correcte.

Les notes sont supprimées. Des cycles de 3 ans sont créés, ce qui fait qu’on ne pourra plus du tout suivre le niveau des élèves ni espérer évaluer le succès de la réforme. Personne n’aura de données fiables, tous les débats seront des débats d’opinion. Ce n’est pas la raison qui l’emportera au final, mais la rhétorique.

A l’issue de cette réforme, l’enseignement général que donnait la république à ses élèves, qui était, il y a encore 30 ans un des meilleurs au monde, aura disparu. De fait (c’est là l’esprit profond de cette réforme), il n’y aura plus d’enseignement que professionnel. Cette forme d’enseignement, jadis réservée aux élèves qui ne pouvaient pas suivre la filière générale, sera devenue la norme, du primaire au baccalauréat.

On a eu pour objectif de mener 80% d’une tranche d’âge au bac et cet objectif aurait été grandiose, l’accomplissement majeur d’une génération, s’il s’était agi de le faire via la filière générale, en gardant le niveau final constant ou en ne l’abaissant que très peu. Au lieu de ceci, on a préféré baisser le niveau du bac – dans certaines filières, il n’atteint même plus le niveau du BEPC des années 70. Et comme cela ne suffisait pas, on inflige aux élèves une grave blessure, de nature irréversible, une grave atteinte à leurs droits de futurs citoyens, en ne leur permettant plus, aujourd’hui, de suivre un enseignement général digne de ce nom.

Cette réforme a un caractère irréversible. Depuis trente ans, le niveau de recrutement des enseignants a diminué, à tel point que les jeunes enseignants n’ont souvent  plus la science nécessaire pour enseigner. Qui plus est, des pans entiers de savoir vont disparaître (par exemple, dans 10 ans, il ne sera plus possible de faire marche arrière, les professeurs de latin auront disparu).

Il y a trente ans,  tout enfant doué, même provenant d’un milieu défavorisé, pouvait espérer s’élever via l’école, à travers un cursus universitaire d’excellence ou celui des grandes écoles. On pouvait certes déplorer que cette élévation ne fût  statistiquement pas assez fréquente, mais elle existait. Aujourd’hui, c’est terminé. Plus aucune école publique ne permettra à elle seule, sans aide complémentaire des parents, de mener un enfant aux meilleures grandes écoles.

La plupart des écoles privées sous contrat, forcées à terme de s’aligner sur le programme du public, vont subir le même sort. Pour qu’un enfant réussisse sa scolarité, il ne restera que quelques établissements publics ou privés d’élite, réservés aux initiés, ainsi que de coûteuses écoles hors contrat, qui donneront lieu à de nombreux abus.

Comment la réforme profite au FN…

LycéesRuraux

La plupart de ces établissements d’élite sont situés dans les très grandes villes. A la campagne, il sera totalement impossible de progresser socialement via l’école. Les gens le sentent bien, et c’est pour cette raison que les petits collèges ruraux sont ceux qui s’opposent le plus à la réforme – malheureusement, on les entend peu, ils sont isolés. Mais nous sommes en France, l’école reste un sujet majeur, et un grand nombre de parents situés en zone rurale voteront FN pour cette raison précise – qui va le leur reprocher ?

… et au terrorisme

Quant au terrorisme, quand il prend la forme du fanatisme suicidaire que nous connaissons aujourd’hui, il est avant tout le fruit de l’ignorance crasse, sans lequel  l’endoctrinement rapide des crédules terroristes serait rendu impossible. Tous les kamikazes du 13 novembre, comme ceux de Charlie, partagent cette forme d’ignorance obscurantiste et c’est l’échec de notre école, déjà !, que d’avoir permis sous couvert de tolérance qu’ils puissent ainsi la «traverser » sans réellement y rentrer.

Quelques heures de Molière, de Rousseau, de Montesquieu (je ne parle même pas de celui de l’esprit des lois, juste de celui des Lettres persanes)  ou de Voltaire, quelques cours de sciences ou de maths en plus leur auraient probablement évité de se transformer en monstres.

L’école d’après la réforme du collège, qui ne sera plus une école de transmission des savoirs généraux, va engendrer des individus qui seront encore plus qu’avant la proie de toutes sortes de superstitions, de l’obscurantisme et du fanatisme. Une fraction d’entre eux basculera dans le terrorisme.

Moins on exige de l’école, plus on crée d’inégalités et plus on crée de fanatisme.

La réforme du collège réussit ce double exploit (c’est bien là son seul succès) : faire simultanément monter le niveau du FN et celui du terrorisme.

 

 

 

 

(2) commentaires pour "Comment la réforme du collège fait monter à la fois le niveau du Front National et du terrorisme"

  1. Je suis outrée en tant qu’enseignante et formatrice sur les nouvelles technologies de lire ce brûlot qui mélange les genres.
    Le collège unique n’a jamais répondu aux besoins, ni des élèves, ni de notre société reprendre dans votre billet les allégation d’un partie et finalement faire du prosélytisme augmente ma colère.
    Je poste peu, je veille sur votre site car j’ai acheté du matériel et souvent vanter vos mérites lors de mes formations.
    Ce billet me fait définitivement rayer votre site de mes veilles pédagogiques .
    Vous avez outre passé vos compétences et surtout surfer sur une vague nauséabonde.

    • Je réponds de façon groupée aux hommages et aux critiques. Ce billet ne mérite sans doute ni les uns ni les autres.

      Je suis chef d’entreprise et sors de mon rôle avec cet article. Je ne suis pas un politique. Je ne prétends pas avoir la Vérité. Les mots utilisés sont peut-être inappropriés. Qui plus est, je mécontente, j’en ai conscience, une partie de “nos” clients. Mais, comme les politiques refusent de nommer les problèmes, il faut bien que les simples citoyens essaient.

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