Maths à l’école : quelle note donner à Najat Vallaud-Belkacem ?

Sur le papier, beaucoup de bonnes choses dans les annonces du jour du Ministre sur l’enseignement des maths.

D’abord et surtout, l’introduction de techniques algorithmiques pour la résolution de problèmes, qui n’est rien d’autre que l’introduction de la programmation à l’école : la grande affaire des dix prochaines années concernant les programmes du collège et du lycée, et peut-être même du primaire. Et pour une fois, pour la première fois en fait, on a pensé à la formation des professeurs: une option informatique s’ouvre dans le CAPES de Maths (ce sont eux, les profs de Maths, qui ont vocation montrer la voie dans l’enseignement de l’informatique en temps que discipline). Il faudrait étendre cette option à l’agrégation.

“Développer la dimension ludique” – bien sûr, et surtout dans le primaire. Il y a deux grandes façons de développer les compétences des élèves: leur faire aimer la matière quant ils sont petits (de la maternelle jusqu’en terminale) ou exceller dans la matière quant ils sont plus grands (de la sixième au supérieur, pour faire large). Dans le primaire, le côté ludique de l’enseignement va aider surtout s’il est sans compromis, ce qui semble être le cas puisque le calcul mental (c’est-à-dire le “par coeur”, c’est-à-dire l’effort) occuperait une place centrale dans le dispositif.

Maths cool

“Rendre la matière plus concrète, grâce à des problèmes ancrés dans le réel” ? Pourquoi pas, après tout, si on ne perd pas de vue quand même que les maths, c’est intéressant avant d’être utile. L’utilité n’est qu’un bonus contingent qui accompagne les progrès mathématiques comme par miracle. Et de même qu’on ne forme pas des élèves de primaire pour qu’ils trouvent un emploi plus tard (mais pour qu’ils deviennent des citoyens capables de décision et d’action), on n’enseigne pas les maths pour résoudre des problèmes concrets, comme semblent le supposer les auteurs des évaluations PISA de l’OCDE.

Mais tout ça va être matérialisé dans un “portail national” qui va devenir, comme de bien entendu, “un outil de référence” pour enseignants, parents et élèves. Quand une grande administration vous dit “portail”, cela signifie “rien, je n’ai rien à dire. Et donc, je vais vous mettre tout ceci dans un portail”. L’administration lance des portails comme Vivendi en lançait lors de la grande époque de la bulle Internet et partage avec Vivendi le côté grandiloquent, ronflant, auto-laudateur et le vide sidéral du contenu. J’aurais préféré une seule application en ligne utile à ce terme fumeux.

Mais bien sûr, il y a la marque de fabrique, l’inévitable et immangeable cerise sur le gâteau: les maths comme étendard de l’égalitarisme homme-femme. “Les travaux de mathématiciennes célèbres seront valorisés” (alors qu’on doit valoriser les travaux en fonction de leur intérêt mathématique ou pédagogique). Ou encore «Un effort particulier sera porté à l’identification des stéréotypes sexués dans l’écriture des exercices, des examens et des concours». C’est vraiment prendre les élèves pour des imbéciles à l’âge où ils passent des examens ou des concours !

Et même à un très jeune âge, même à 8 ans, c’est prendre les élèves pour des imbéciles que de penser que l’on joue sur leur approche du monde si on écrit “Papa met un gâteau de 800 g au four” plutôt que “Maman met un gâteau de 800 g au four”. Tous les élèves comprennent intuitivement que ces deux énoncés sont mathématiquement identiques. Penser que le stéréotype a de l’importance est non seulement un autre stéréotype mais une erreur plus stupide encore : la propagande n’a rien à faire dans les mathématiques, tout comme la religion n’a rien à faire à l’école.

Si donc je devais noter, bien entendu avec une grande bienveillance, la copie de Mme la Ministre de l’Education, je serais extrêmement ennuyé. La première partie de la copie est excellente, mais la conclusion est d’une bêtise crasse, ce qui fait qu’effectivement mettre une simple note moyenne, disons 12 sur 20, à l’ensemble ne reflète aucune réalité, comme l’affirment aujourd’hui ceux qui veulent supprimer les notes à l’école (Je ne sais pas pourquoi, je les sens très en phase avec les inspirateurs de la deuxième moitié des mesures exposées ci-dessus… Qu’en pensez-vous ?).

La copie que présente notre Ministre est une oeuvre collective, on y sent la présence de deux influences, l’une subtile et l’autre fumeuse. Najat Vallaud-Belkacem gagnerait à garder la première moitié de ses conseillers et à se débarrasser promptement des autres.

(1) commentaires pour "Maths à l’école : quelle note donner à Najat Vallaud-Belkacem ?"

  1. Madame la Ministre merci du travail sur les notes….
    et pendant le ce temps la :

    Education nationale et Medef organisent les journees de l entreprenariat :
    c est quoi etre entrepreneur.

    A paris : on parle de tout ca au lycee Louis le Grand. Invite : le Pdg de Hermes….
    Dans le 93 : les eleves des lycees pros sont convies a visiter des usines pour voir des machines….

    Education Nationale et Medef ne s y trompe pas :
    il y a entrepreneur tendance Hermes et entrepreneur tendance Ouvrier

    Ah ouic est vrai l objet important ce sont les notes …..
    et pas les inegalites sociales.

    Au moins les choses sont claires sur le role de l ecole.

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