Le meilleur de nous, le meilleur d’entre nous (France:5 – Suisse:2).

France 5 _ Suisse 2

Aux temps antiques, les Horaces, trois combattants, pouvaient représenter une nation et décider de son avenir. Les matches de football se jouent à beaucoup plus et une des raisons de l’engouement, soi-disant irrationnel, qu’ils suscitent est que chacun comprend bien que, d’une certaine façon, son équipe est représentative d’une sorte de génie national. Les qualités et les défauts d’Horace (la lucidité “défensive” et l’intransigeance) aussi bien que l’artifice juridique invraisemblable grâce auquel il échappe à toute peine pour le meurtre de sa soeur sont absolument typiques de l’ancienne Rome et on en retrouve encore certains aspects au sein de la Squadra Azzura.

Pour l’équipe de France de football, comme pour la France, il y a des défaites annoncées, prévisibles et en un sens recherchées qui se transforment alors en d’invraisemblables débâcles avec un air de Juin 40. Le désespoir collectif qui naît de ces étranges défaites est immense (probablement une manifestation de ce qu’on appelle le pessimisme gaulois que Jules César évoque déjà dans la guerre des Gaules) et pourtant, pourtant !, il suffit souvent d’un seul homme pour éclairer les malheurs d’une lumière qui en rachète l’amertume, pour stimuler et encourager les hommes, pour transformer les forces dépressives qui ont conduit au cauchemar en forces de mouvement exceptionnellement puissantes – notre meilleur atout pour inverser la tendance. Cette lumière finale, cette aurore, cette espérance, c’est ce qui fait que très souvent l’histoire de France se rapproche de la Tragédie Grecque.

Celui qui tire le meilleur de nous n’est pas le meilleur d’entre nous. Il n’est même pas forcément parmi nous. De Gaulle était réduit à l’impuissance à Londres et Deschamps est, littéralement, sur la touche. Tirer le meilleur de nous. Ce que Didier Deschamps a réussi à faire, en moins de deux ans et avec une facilité surprenante de l’équipe de France, tous les français attendent, (avec naturellement toujours le même pessimisme !), qu’un dirigeant politique sache le faire. Tirer le meilleur de nous, de ceux dont l’avenir dépend de nous, plutôt que de contribuer à l’égoïste concert des jérémiades. Nous tous, dirigeants d’entreprise, chefs d’équipe, enseignants, entraîneurs, nous devrions chaque jour essayer de le faire.

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