De la fin de la démocratie en Amérique

Aux USA, la répartition du revenu national est devenue aussi inégalitaire qu’il y a 100 ans. Grosso modo, 25% du revenu national tombe dans les mains des 1% les plus riches. Autre chiffre significatif, les 0,1% des américains les plus riches gagnent un revenu total égal à celui des 120 millions les moins riches.

Ces chiffres font penser à la répartition des terres entre nobles et serfs au moyen-âge ou au début de la colonisation occidentale. Ils sont probablement incompatibles avec l’essence même d’un régime démocratique.

La démocratie américaine est littéralement en train d’être rachetée.

Dans la campagne actuelle des élections au Congrès, qui devraient voir le renversement de la majorité démocrate, des centaines de millions de dollars sont dépensés en opérations marketing pour ou contre des candidats, sans qu’aucune transparence ne puisse être apportée sur l’origine des fonds, suite à une décision récente de la Cour Suprême prenant comme prétexte le premier amendement, qui protège la liberté d’expression.

Sous Eisenhower (ce rouge !), le taux marginal d’imposition des plus riches était de 91%. Il était de 39% sous Clinton et est tombé, sous Bush, à 36%.

De toutes les façons, le taux d’imposition sur les revenus du capital, qui représentent l’essentiel des revenus des 0.1% des plus riches dont je vous parlais en introduction (dirigeants de hedge funds, Frères Koch, etc…) se situe autour de 17%.

On oublie souvent que la crise financière est née de cette répartition inégalitaire: les classes moyennes ont dû depuis 30 ans emprunter pour consommer, puis pour se loger parce que leur revenu diminuait. Les subprimes ne sont que la traduction financière de la bulle immobilière, elle-même résultant de la répartition des richesses.

Actuellement, aucun moyen ne peut politiquement être dégagé aux USA pour que cette richesse devienne un peu mieux répartie. Le principal moyen de relance utilisé est de maintenir les taux d’intérêt à un niveau très bas, en espérant que les entreprise vont emprunter et injecter de l’argent dans l’économie.

Mais cela ne marche pas, parce que les entreprises n’investissent que s’il y a un marché – et le consommateur américain ne peut toujours rien acheter. Il ne peut pas non plus profiter de ces taux pour emprunter (les critères sont devenus plus stricts) , ni pour refinancer son habitation.

La principale conséquence de cet afflux d’argent lié aux taux presque nuls, c’est la création d’une bulle financière. C’est parti ! La bourse américaine monte sans que l’économie ne s’améliore, sans qu’il y ait de création d’emplois. C’est le résultat mécanique des paris faits par des financiers qui peuvent emprunter à 0%.

Les américains ont cru, croient toujours, que le communisme était soluble dans l’économie de marché. On voit en Chine qu’il n’en est rien.

Il se pourrait bien, en revanche, qu’à ce stade ultime, la démocratie soit soluble dans le capitalisme.

(1) commentaires pour "De la fin de la démocratie en Amérique"

  1. Les points communs et les différences entre le Capital Altruiste et l’entreprenariat social de Mohammed Yunus

    […] (c’est un américain optimiste, il bien est possible que la démocratie américaine soit déjà détruite). Je pense que cela peut finir par détruire l’espèce humaine et presque tout ce qui compte sur […]

Laisser un commentaire sur le blog