Comme l’homme traite les animaux, il traitera les humains

Le 8 septembre dernier, le parlement européen a approuvé la directive 86/609 qui règlemente l’utilisation des animaux à des fins scientifiques – autrement dit, la vivisection.

Il est aujourd’hui permis à un laboratoire:

  • d’utiliser les chats et chiens errants
  • d’utiliser une espèce en voie d’extinction et/ou capturée dans la nature (primates, grands singes)
  • d’utiliser l’anhydride carbonique pour tuer l’animal (méthode extrêmement douloureuse, mais très économique)
  • d’effectuer des essais sans anesthésie, y compris des essais jugés hautement douloureux

1. La position du Parlement

Il apparaît à la lecture des débats du Parlement Européen que les réactions des associations de défense des animaux (pétitions, etc…) ont été jugées “extrémistes“, “dictées par l’émotivité“, “démagogiques“: “Il y a une différence entre la dignité des animaux et celles des êtres humains… non aux contrôles excessifs qui contrarient la recherche“.

Si je résume la pensée on ne peut plus profonde des députés, ceux qui s’opposent au texte des lois s’opposent à la Science et se rendent coupables, comme des enfants, de sensiblerie.

On sent bien que face à de tels arriérés, les députés européens sont fiers d’avoir su prendre en compte l’intérêt supérieur de l’être humain…

2. Les limites a minima qui devraient être fixées à la vivisection

Il n’y a en réalité aucune justification éthique à la vivisection, ce qui veut dire qu’au minimum, seules les recherches au nom de l’intérêt supérieur de l’être humain devraient être tolérées.

Si on a l’espoir de découvrir un médicament nouveau qui va sauver des vies, on peut concevoir que des animaux soient sacrifiés (le moins possible, le plus humainement possible). Mais il est inadmissible, choquant – et profondément destructeur pour l’être humain, comme je le montrerai plus bas – que des animaux soient sacrifiés pour des besoins purement économiques (nouveau rouge à lèvre, nouvelle crème de beauté, etc…).

Or ne vous y trompez pas, 90% des animaux sacrifiés au moins le sont pour développer des produits de confort. Ils sont sacrifiés sur l’autel de la consommation toute puissante, pas sur celui de la science.

Il est presque comique de constater que l’Europe, une organisation paperassière qui s’est essentiellement signalée jusqu’à présent pour sa capacité à légiférer sur le diamètre maximal du concombre et à faire remplir des dossiers à ses administrés sur tous les sujets possibles et imaginables, accorde aux laboratoire une procédure simplifiée pour autoriser la vivisection au prétexte que “il ne faut pas nuire aux intérêts de l’industrie“.

Je préférerais, pour ma part, qu’on impose aux laboratoires de justifier systématiquement et publiquement de l’intérêt scientifique exceptionnel de leur recherche (et non pas d’un intérêt industriel) ainsi que des mesures prises pour tuer un minimum d’animaux de la façon la plus indolore possible.

Tout société ne respectant pas ces principes, que ce soit en Europe ou en dehors de l’Europe, devrait voir ses produits interdits sur le territoire européen.

3. Science et sensiblerie

Les députés se présentent comme des humanistes, agissant au nom de l’intérêt supérieur de l’homme et de la science. C’est exactement le contraire. 90% des recherches menées le sont dans un vulgaire but de profit et de consommation. Pour les 10% qui restent, on gagnerait évidemment à utiliser, autant que faire se peut, c’est à dire dans plus de la moitié des cas, des méthodes substitutives.

Car la souffrance de l’animal est consubstantielle de celle de l’être humain.

Votre intuition qui vous dit que cette souffrance est analogue à la votre, que cette souffrance est une horreur a une réalité scientifique bien supérieure à la position soi-disant “humaniste” des parlementaires européens.

Même les grands expérimentateurs animaliers, à commencer par Pavlov dont la plupart des scientifiques actuels croient s’inspirer parce qu’ils ne l’ont pas lu, ont cherché à économiser la vie de leurs animaux. Pavlov était malade des souffrances infligées à ses chiens et son principal ouvrage sur le réflexe conditionné leur est dédié.

4. Défendre les animaux : un acquis culturel

Les phrases ci-dessous sont de Romain Gary:

“En vérité, voir dans les animaux autre chose que du matériel de laboratoire est un acquis culturel, tout comme la beauté, et un tel concept est indissociable des sentiments.

Trop longtemps, on les a dénigrés pour n’y voir que du sentimentalisme tout en exaltant le matérialisme au point que le monde a vu holocauste sur holocauste. Essayons les sentiments et les émotions, pour changer.”

5 . Comme l’homme traite les animaux, il traitera les humains

Les phrases ci-dessous sont de Jane Goodall.

Prenez les premières chaînes de montage des usines Ford, elles ont été copiées sur le modèle des abattoirs. Ce n’est pas par hasard.” parcelliser les opérations d’écorchage concentrait les employés sur une activité mécanique – qui leur évitait toute réflexion. On n’abattait plus des bêtes, on abattait un travail. Sans état d’âme. En appliquant ces méthodes aux humains, Henri Ford a inauguré les “temps modernes” décrits par Chaplin. L’ère industrielle qui a déshumanisé le travail – et le travailleur.

Dès que nous ne considérons plus les humains comme tels, nous les traitons, dit-on, comme des animaux . Or, traiter sans aucune compassion les animaux, les considérer comme des objets industriels et plus comme des espèces souffrantes, est déjà une cruauté indéfendable.

Outre qu’elle y perd toute notion de respect de soi et de dignité, l’espèce humaine est en train de mourir de cette capacité à mettre toute émotion de côté pour agir de façon dite “rationnelle” ou “matérialiste”. Les génocides du XXème siècle, le réchauffement climatique, le massacre des phoques n’ont pas d’autre cause.

Le Roi Salomon suppliait l’Eternel de lui donner “un coeur intelligent”. La lutte de l’Homme contre le Matérialisme (où l’Homme joue sa survie en tant qu’espèce), c’est la lutte de ce coeur intelligent contre la fausse rationalité.

Essayons les sentiments, pour changer.

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