La téléphonie numérique fait-elle disparaître la fracture numérique ?

Ce n’est visiblement pas l’avis de Mito Akiyoshi dans InternetActu.

Les principaux arguments qu’elle développe:

“Il y a un consensus croissant pour dire que le problème de la fracture numérique ne se résume pas seulement à la question de l’accès ou pas à l’internet.”

“Les matériaux auxquels nous accédons en ligne via des ordinateurs sont bien différents de ceux accessibles via un téléphone mobile…Les gens utilisent un ordinateur pour travailler ou accéder à des services gouvernementaux, alors que les pratiques du téléphone mobile sont plutôt limitées aux activités de loisirs. Ceux qui utilisent des téléphones mobiles sans utiliser d’ordinateurs ont tendance à être moins instruits, moins riches (et comptent une plus grande proportion de femmes). Leur dépendance à l’égard de leurs mobiles et leur “refus” de l’ordinateur reflètent et perpétuent leur statut de défavorisé.”

Je ne suis absolument pas d’accord avec elle.

D’abord, le terme de “fracture numérique” commence sérieusement à me gonfler, tellement il fait office, partout, de tarte à la crème. Je n’en connais d’ailleurs pas la définition précise – et pour cause. Ca devient un pur slogan, comme l’a été le terme “fracture sociale”.

Ensuite, se baser sur les usages ACTUELS de la téléphonie mobile (qui sont, effectivement, dans le domaine du loisir) pour en déduire que le téléphone mobile n’est pas apte à d’autres usages est une grave erreur. Des téléphones mobiles tels que l’Iphone (et demain tous les autres) permettent déjà d’accéder à l’information dans des conditions équivalentes, voire meilleures que les PC. Et c’est justement parce que les utilisateurs actuels des mobiles “ont tendance à être moins instruits, moins riches” que les mobiles sont appelés à réduire la fracture numérique, si tant est que ce terme ait un sens réel.

Condamner le téléphone mobile sous prétexte que l’usage qui en est fait aujourd’hui est un usage de loisir reviendrait à condamner le livre sous prétexte que la plupart des clients n’achètent que des BD. L’important, c’est justement de donner la possibilité d’accès à toute l’information numérique. Le reste est alors du domaine du culturel, non plus du numérique.

Or le téléphone mobile s’impose de plus en plus, mondialement, comme la plate-forme de convergence. Il va permettre l’accès à la vidéo, à l’audio, au texte – bref à tout ce qui est utile en classe et au dehors.

Je vous rappelle bien immodestement la loi de Klein:

Plus le support de l’information est léger, petit, lisible, transportable, copiable, partageable, bref, plus le support est nomade, plus l’information et le savoir se répandent.

Le téléphone mobile n’échappera pas à cette règle.

(Via Florence Meichel, qui elle, est plutôt en phase avec Mito Akiyoshi).

(2) commentaires pour "La téléphonie numérique fait-elle disparaître la fracture numérique ?"

  1. Un extraordinaire cours sur l’Iphone

    […] La téléphonie numérique fait-elle disparaître la fracture numérique ? […]

  2. Le téléphone mobile, premier des médias de masse

    […] programmes du type « un ordinateur par élève»  ont échoué, c’est la téléphonie mobile qui est en train de faire disparaître la fracture numérique, pas […]

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