Vos idées de contribution pour le développement des TICE dans le Nord.

Michel m’écrit aujourd’hui que :

« Un process un peu fou est en cours en NPDC sur la remontée des objectifs et projets TIC pour la période 2007-2013 pour les crédits européens . Le montant des aides européennes pour la région NPDC , bien que réduit de 25%, se monte à près de 650 Millions d’EUROS et chose nouvelle , 75% de ces crédits sont destinés à ACCELERER la mise en oeuvre de la STRATEGIE EUROPENNE DE LISBONNE »

En fait, il s’agit de commencer à sélectionner des projets jugés stratégiques pour le développement de la Région. Le problème est que, même si rien ne bouge ici depuis 5 ans – pour ne pas dire que ça régresse – les projets doivent être remontés vers le Conseil régional sous forme de fiche d’ici 10 jours !

C’est beaucoup trop court, ce n’est pas une raison suffisante pour mal faire. De plus en plus, les régions ont le pouvoir mais le problème est qu’elles ne savent pas – ou ne veulent pas – le prendre.

Je travaille pour ma part sur 4 projets qui me tiennent à cœur, dont deux dans le domaine de l’Open Source. J’aimerais bien avoir un maximum de retours, que ce soit sur ce blog ou par email.

Ce blog est lu d’un peu partout, et en particulier par des lecteurs impliqués par les politiques TICE d’autres régions françaises. Vous aussi pouvez me contacter si vous avez des suggestions…


Projet 1 : Se servir du modèle Open Source pour créer un tissu de compétences régionales autour de technologies innovantes.

L’idée n’est pas de créer des entreprises développant en Open Source, mais de se servir des moyens de recherche existant ici (Universités, Grandes Ecoles) pour faire grandir des projets Open Source, coordonnés entre eux, autour de technologies innovantes et prometteuses pour le futur. J’ai souvent parlé de l’exemple de Skype, né en fait de la politique estonienne de promotion de l’Open Source.

Au lieu de travailler sur des projets sans intérêt et sans lien, les étudiants, les chercheurs seraient incités à contribuer à des projets d’envergure (pourquoi pas un « OpenSkype », par exemple) ?

Dans une région telle que le Nord, nous pourrions arriver à sortir 100 à 150 ingénieurs par an avec un niveau mondial dans des domaines tels que la voix sur IP, la vidéo… ces ingénieurs essaimeraient immédiatement vers des startups ou la grande distribution, qui reste ici le secteur le plus dynamique et dont je n’ai aucun doute qu’elle saurait saisir l’opportunité (voir ci-dessous).

Les conséquences et les opportunités de développement pour la formation à distance, secteur qui m’est cher, seraient aussi immenses.

(Aujourd’hui, il n’y pas de création d’ingénieurs informaticiens de niveau mondial dans le Nord. Il y a, évidemment, quelques individualités, mais qui doivent leurs compétences plus à elles-mêmes qu’aux formations suivies – rien en tous cas, qui structurellement, entraîne des dizaines d’ingénieurs, vers l’excellence. A noter que ce constat n’est pas propre au Nord, d’ailleurs, mais à la France).

Le thème central qui relierait les projets entre eux serait le développement d’usages ou d’applications visant à remplir les tuyaux haut-débit, chers à Jean-Michel. Les tuyaux arrivent, les applications ne sont pas là. Il s’agit de les inventer.

Ce thème touche, et pas qu’un peu, à la distribution, qui reste le moteur du Nord. Les synergies sont évidentes (voir par exemple le mariage Skype-eBay, dont j’ai souvent parlé et dont seul un dirigeant des 3 Suisses m’a donné jusqu’à présent une explication stratégique convaincante…).

Projet 2 : Basculer l’ensemble des administrations locales (et en particulier la région) vers l’Open Source

Il ne s’agit pas à proprement parler ici d’innovation. Mais pourquoi les administrations dépensent-elles en licences (revenu qui au final par aux USA) des dépenses qu’elles pourraient faire sous forme de service, avec à la clé des créations d’emploi et de compétences ? Blair a parfaitement compris tout ça et a lancé des initiatives majeures en Grande-Bretagne, dont j’ai aussi parlé dans ce blog. Au final, le principe de Wonder-Klein énonce que l’Open Source profite au pays qui s’en sert.

Une autre façon de dire les choses, peut-être plus adaptée au Nord est “Acier hier, Open Source demain !“.

Le fait que Blair ait été loué par Ségolène, d’ailleurs postérieurement à mes billets parce que ce n’est qu’une copieuse, est-il une raison suffisante pour ne pas s’inspirer de ses bonnes idées ?

Ajout : Michel, dans le même esprit, aimerait susciter un large projet Open Source d’e-administration, proche du modèle estonien (je vais lui demander de préciser, plus d’infos dans quelques heures, donc). J’aimerais bien aussi avoir des retours là-dessus).

Projet 3 : Un vaste projet pour mettre fin à l’illettrisme numérique des classes dirigeantes

On se moque de Chirac et de son mulot. Mais de façon plus générale, je constate que la classe politique est totalement ignare dans le domaine des TICE. Il n’y a pas de compréhension des technologies (ce qui n’est pas si grave), mais il n’y a pas non plus la moindre connaissance des ressorts économiques de base, des moyens, des leviers, des enjeux…

Non seulement les politiques, mais un grand nombre de dirigeants, de professeurs d’université, de cadres supérieurs, de médecins, d’avocats, etc … n’ont pas la « culture générale » minimale nécessaire du secteur pour pouvoir en être des acteurs intelligents (certains, les plus ignorants, en sont encore à revendiquer cette ignorance au nom de la suprématie de l’Homme, être pensant, sur la machine automatique).

J’ai volontairement cité là un certain nombre de métiers considérés comme d’élite. Que dirait-on si par exemple, un médecin ne savait pas lire ? Et bien, il faut se résoudre à l’évidence : aujourd’hui, en France, la plupart des politiques sont comme des illettrés vis-à-vis des technologies numériques. Et comme l’alcool mondain, on n’en parle pas. Mais il en résulte un grave déficit pour le pays et un déficit stratégique en termes de développement économique.

J’y vois un contraste énorme avec la Silicon Valley, par exemple. Le Maire de San Francisco ou de Palo Alto passerait ici pour un gourou mondial, sans parler du Doyen de l’Université de Stanford, qui est un des hommes sans lesquels les ordinateurs en seraient pas tout à fait ce qu’ils sont aujourd’hui.

En France, le politique est considéré comme gourou s’il a un blog…

On parle de réduction de la fracture numérique et en général, on entend ce terme comme la formation aux TICE des classes défavorisées. Mais la vraie fracture numérique en France part du plus haut niveau (voir mon billet sur les positions aberrantes du Président de la BNF, exemple typique d’homme d’élite illettré numériquement).

Ce projet vise donc à créer un cycle de formation professionnel s’adressant aux élites régionales (pas seulement les politiques) ayant pour but de leur faire comprendre l’histoire des TICE, les politiques des pays étrangers, les mécanismes d’investissement, les ressorts économiques et humains, les possibilités d’intervention des collectivités, les centres d’excellence, etc…

Je suis évidemment conscient de la difficulté pour vendre un tel projet à des politiques – nous les rencontrons le 6 juin.

Mongi veut qu’on y aille à 50, moi, je serai plutôt pour que Michel n’y envoie que Clara, en éclaireur. Je pense que nos arguments ne seraient pas mieux compris, mais certainement mieux suivis.

Il y a bien un 4ème projet mais le temps me manque ce soir… Je pars en vacances quelques jours…

J’attends énormément de vos contributions. J’y répondrai dimanche ou lundi.

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