Prise de notes, compréhension, mémorisation, Speechi et tableaux blancs / Taking notes, understanding and memorizing, Speechi and interactive whiteboards

Un des problèmes les plus importants à régler pour les logiciels de formation (ou de formation à distance) à venir est celui de la prise de notes de l’élève. J’ai souvent des professeurs qui me demandent quel est le rôle de Speechi dans la prise de notes. Speechi enregistre tout un cours: peut-il donc remplacer la prise de notes elle-même ?

Il y a eu des échanges très intéressants à ce sujet lors de la conférence Audencia.

Voici où nous en sommes de nos réflexions en tant qu’éditeur et ce vers quoi nous essayons d’aller avec Speechi.

1) la prise de notes est un moment clé pour l’élève. Pour beaucoup, elle est partie intégrante de la compréhension et de la mémorisation du cours. A travers l’écriture, l’élève effectue déjà un travail de synthèse utile pour dégager l’essentiel (puisqu’on ne peut pas tout noter) et souvent écrire une note constitue le début du travail de mémoire sur un cours. Il peut donc être parfois nuisible de fournir des notes de cours toutes faites à l’élève.

2) d’un autre côté, la prise de notes intensive mobilise des neurones, parfois au détriment de ce travail de compréhension ou de mémorisation. Une secrétaire en sténo prend tout en notes, mais en comprend pas forcément grand chose au contenu. On voit aussi dans certaines réunions ou dans certaines classes des prises de notes que je qualifierais volontiers d’aneuroniques (voir ci-dessous – combien reste-t-il de neurones dans la salle qui réfléchissent, à votre avis) ? Je me souviens que pour les cours scientifiques les plus compliqués, compte tenu de l’état de mon cerveau à l’époque, pour moi, c’était souvent prendre des notes OU comprendre. Il m’arrivait de sortir d’une heure de cours sans aucune note, ce qui n’était pas plus mal d’ailleurs.

Prise de têtenotes intensive lors de la Conférence Web 2.0 (Décembre 2005, Paris)
Tous ces bloggeurs notent à 90% les mêmes choses…

3) enfin, au delà de la compréhension immédiate du cours, les notes permettent de réétudier et de revoir ce qui a pu se dire, la façon dont le professeur a abordé tel ou tel point…Elles jouent donc un rôle de ressource documentaire. Evidemment, c’est là où il est le plus facile pour un logiciel d’intervenir.

Avec Speechi, par exemple, on va pouvoir réécouter le professeur, revoir ses diapositives, ses annotations et ses dessins faits pendant le cours, ce qui est déjà très appréciable.

Je en connais pas aujourd’hui de logiciel qui tente d’utiliser l’informatique pour améliorer le processus de la prise de notes (points 1 et 2), à part peut-être One Note, de Microsoft. Mais OneNote est juste une simulation informatique d’un cahier et s’utilise avec un Tablet PC, ce qui en limite l’usage. La seule valeur ajoutée est que la fonction de reconnaissance automatique va permettre de rechercher du contenu à partir de notes manuscrites… Utile, mais de façon marginale, à mon avis, car on en revient au point 3.

Notes manuscrites recherchables avec OneNote

Or si la technologie n’a pour but que de répliquer et numériser ce qui existe déjà, elle n’a que peu d’intérêt, à mon avis. Il s’agit de l’utiliser pour améliorer les choses, par pour les reproduire.

Si on révait un peu, que pourrait faire un logiciel pour lutter sur les trois fronts et optimiser la prise de notes ?

Il devrait laisser à l’élève la liberté de prendre des notes quand il le souhaite (point 1) ou quand le professeur souhaite qu’il le fasse (car je considère qu’un partie de la prise de notes est du ressort du professeur – un professeur doit pouvoir dire aux élèves de laisser “tomber” stylos et ordinateurs pour se concentrer sur un point important).

Il devrait pouvoir fournir un maximum de notes toutes faites à l’élève, pour que justement l’élève se concentre sur les notes “à valeur ajoutée” et ne disperse pas ses neurones dans la prise intensive de notes brutes.

Une partie de ces notes de cours peut être préparée, une partie ne peut se faire qu’en temps réel – le professeur improvise certaines de ses réponses, certaines explications faites au tableau, etc…

Un bon outil doit donc pouvoir fournir aux élèves, en temps réel, certains supports de notes pour que les élèves puissent les compléter.

Enfin, 90% des notes prises par les élèves sont communes. Il est donc utile de pouvoir les partager, les mettre en commun…

Aujourd’hui, on dispose de matériels tels que le tableau blanc interactif qui permettent de capturer tout ce qui est montré ou dessiné par le professeur lors d’nue session de cours. On ne dispose pas d’outil qui permette:

– de communiquer instantanément aux élèves pour constituer une base de notes (parfois à l’initiative de l’élève lui-même, qui doit pouvoir dire “schéma intéressant- je le veux dans mes notes)

– de mémoriser les questions impromptues et les réponses impromptues à ces questions faites par un professeur

– d’annoter l’ensemble et de pouvoir le mettre en commun. – le tout au sein d’une méthodologie perfromante tout en restant souple )

Une Arlésienne ? Pourtant, je vous assure qu’avec des outils tels que Speechi et Speechi Live, couplés à nos tableaux blancs interactifs mobiles, on n’est pas très loin de tout ça… On travaille sur une version de Speechi Live, dont le nom de code est “Speechi Unchained”, qui va tenter d’avancer sur tous ces points, en collaboration avec Luidia, qui réalise ces fameux TBI mobiles.

Je sais qu’on est sur un sujet un peu pointu, un peu spécialisé mais à mon avis, c’est un sujet d’avenir. L’e-learning, par exemple, ne décolle pas aujourd’hui: il ne décollera que lorsqu’il offrira quelque chose en plus, et ça pourrait bien être la prise de notes.