La fin des plate-formes éducatives

C’est une bizarerrie de l’histoire: l’e-learning a véritablement démarré sous l’impulsion des investissements faits il y a 7 ou 8 ans dans les “plate-formes” éducatives, mais ces “plate-formes” n’étaient pas des outils d’enseignement, mais bien des logiciels de gestion.

Au début des années 2000, il n’était pas rare que des grandes écoles, des sociétés, des universités investissent dans ces plate-formes, souvent extrêmement coûteuses et capables de gérer des dizaines de milliers de formations…avant de réaliser que la plate-forme restait désespérément vide. On peut comparer cette situation à celle d’un pays qui s’équiperait d’autoroutes alors que les habitants ne savent pas encore ni conduire, ni construire des voitures.

Mal-conçues, souvent très lourdes, ces plate-formes ont pour moi plutôt ralenti le développement de l’enseignement à distance plutôt qu’autre chose (avis totalement subjectif et personnel – mais quand même basé sur ce que j’observe dans un grand nombre d’institutions).

D’excellents outils libres, de conception plus récente et qui plus est gratuits sont apparus depuis quelques années. Ils sont une réaction de la communauté libre face à la lourdeur et au coût des plate-formes commerciales telles que WebCT ou BlackBoard (Le créateur de Moodle raconte qu’il a créé Moodle pour se venger des frustrations engendrées par WebCT et BlackBoard !).

Aujourd’hui, je ne conçois pas, sauf cas tout à fait exceptionnel, qu’un utilisateur “éclairé” puisse choisir autre chose qu’une des plates-formes libres pour son architecture e-learning1.

(1. Evidemment, je risque de me faire taper sur les doigts… Tant pis !)

Petit à petit, toutes ces plates-formes ont intégré des outils, plus ou moins réussis, plus ou moins utilisés, de création de contenu. Mais les initiatives les plus brillantes autour de l’enseignement à distance font rarement appel à ces outils (voir les cas de Stanford, du MIT, parmi des milliers d’autres, ou le cours en ligne est juste constitué de documents numérisés, de vidéo et éventuellement de son).

Principale raison: l’enseignement traditionnel restant très majoritaire, l’usage des outils proposés par les plate-formes, qui ne couvrent QUE le domaine de l’enseignement à distance, est resté très limité.

Les principes de Speechi (PowerPoint et tableau blanc) reposent d’ailleurs sur cette constatation qu’un outil d’e-learning n’a en général de sens que s’il est AUSSI un outil utilisé en classe.

Je pense que toutes les plates-formes sont appelées à disparaître assez rapidement, en tous cas sous la forme sous laquelle nous les connaissons aujourd’hui. Disparaîtront en premier les plate-formes commerciales, mais les plates-formes Open Source, même si elles sont bien meilleures, vont aussi mourir car leurs principes de base restent identiques: un serveur Web qui centralise et organise les informations, les contenus, etc…

Or les techniques d’accès à l’information en ligne sont en train d’évoluer radicalement autour du concept de Web 2.0. L’utilisation des podcasts, des blogs, des chats, de la téléphonie “style Skype” et leurs déclinaisons “sociales” doivent être au centre de la réflexion sur les nouvelles architectures “e-learning 2.0”. Il ne s’agit plus de gérer l’information centralisée, il s’agit de créer des communautés scolaires décentralisées, interagissant à travers le Web, mélangeant enseignement synchrone et asynchrone, utilisant l’ordinateur, le téléphone mobile, l’IPOD et ses déclinaisons..

J’ai conscience qu’à ce stade, vous restez encore sur votre faim. Mais n’ayez crainte, ceci n’est que le premier billet d’une longue série autour de l’elearning 2.0, qui va s’étaler sur plusieurs mois.

Le début d’une grande aventure. Dans quelques années, cinq tout au plus, l’e-learning d’aujourd’hui nous semblera aussi étrange que les premières calculettes à diodes rouges.

J’espère que Speechi saura prendre le train – peut être même l’entraîner.

(2) commentaires pour "La fin des plate-formes éducatives"

  1. Trés bon billet. J’ai écrit à peu prés la même chose mais seulement c’était ya prés de 10 ans au moment où les plate-forme que vous remettez en cause se mettaient en place soit vers la fin des années 90. Prés de 300 étaient répertoriées au début des années 2000. Beaucoup ont profité de la bulle internet. Combien en reste t’il? Quel est le % de formation réalisé en e-learning par rapport au présentiel? toujours infine. Les nouvelles générations sont demandeuses d’outils souples et efficaces soit l’inverse des plates-formes fermées.

    Bien cordialement

  2. Valérie Pécresse lit le blog de Speechi, enterre l’e-learning, impose Speechi à toutes les universités françaises et finit par péter un plomb.

    […] sous forme de podcasts ou de podcasts améliorés. Valérie ne parle même pas, et c’est heureux, des lourdes « plate-formes éducatives » d’enseignement à distance. Il s’agit de donner aux élèves le moyen de suivre les cours, si […]

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