Ne pas déprécier l’initiative du MIT / Do not undervalue the MIT initiative


Adrien réédite une série de 3 éditoriaux écrits en 2001 sur l’initiative du MIT, qui consiste à mettre l’ensemble de ses cours en ligne, gratuitement, à destination de tous les publics.

Adrien links from his blog to 3 articles he has written in 2001 about the MIT “free university” initiative (in french). At that date, MIT announced that all its classes would be available online for free. You can now see the result here.


En substance, Adrien est agacé par ce qu’il considère comme un coup de pub. Pour lui, le MIT “ne fait rien d’original”; car d’autres sites, d’autres universités, ont aussi mis en ligne du contenu gratuit “de qualité”

“Pire que cela ! On émerge de ce savoir en ligne les yeux fatigués et une “vérité” manifeste : il me faut un prof, un tuteur, un coach pour apprendre ! Enfin, pour soutenir ma motivation, répondre à  mes questions, m’apprendre à apprendre.

Pour Adrien, la pédagogie de mise en ligne n’est pas assez soignée, le produit n’est pas assez “complet”, ni “interactif” :

Si c’est la qualité de la formation à  distance que l’on veut vendre, voire de la formation présentielle liée au prestige des noms qui proposent leurs cours, la multimédialité et l’interactivité des contenus sur le Web sera moins importante que leur “substance”. Les risques d’un piratage d’un produit aussi “pauvre”, sans le support humain qui en accompagne l’exploration, sont minimes.

La publicité sera donc effectuée à  bon compte, au travers d’une bonne campagne marketing valorisant cette mise en ligne gratuite

Adrien is annoyed because he thinks MIT initiative deserves marketing purposes. He writes that MIT "does nothing original" because "other sites and universities have also put free quality content online".

"Worse than that ! What comes out of all this knowledge are tired eyes and the obvious fact that I need a professor, a tutor or a coach to learn ! I mean, to support my motivation, to answer my questions, to learn me to learn…"

For Adrien, "MIT online pedagogy is not refined enough, the product is not complete enough and not interactive enough:

If you want to sell quality online training, or even presential training, the multimedia and interactivity factors will be less important than the substance of the course itself. There are therefore very few risks that such a poor product be pirated if you don’t complement him with human support to help.

So this is just cheap advertising through a good marketing campaign that promotes this free online publishing.

 

 

Alors là, je ne suis pas du tout d’accord. Pour moi, l’initiative du MIT, c’est une révolution majeure dans l’histoire de l’éducation que je ne peux que mettre en rapport avec l’invention du Lycée par Aristote.

On ne peut pas la déprécier sous prétexte que d’autres initiatives de mise en ligne de contenu existent. La qualité du contenu mise en ligne est totalement unique. Comparer ce contenu à PlanÚte Terre (ou Wikipedia) n’a aucun sens.

Au MIT, vous avez les cours de professeurs qui se situent parmi les experts mondiaux de leur spécialité. Allez voir le contenu en physique, par exemple ou en informatique (vous avez là des contenus qui ne sont même pas enseignés en France). Vous connaissez beaucoup de contenus où un récent prix Nobel explique (sans vulgarisation aucune) les derniÚres avancées de la relativité générale ou de la mécanique quantique ?

On ne peut pas la déprécier au prétexte que le contenu est “fatiguant” “compliqué” ou “pas assez interactif”.

Oui, au niveau où ces cours sont rédigés (au moins certains d’entre eux) les suivre est complexe, que l’on soit à distance ou sur place. Il faut savoir que pour 3h de cours hebdomadaire, un étudiant américain va avoir 10h à 20h de travail personnel lié à ces cours. Ce travail est ardu, ingrat – ça s’appelle étudier et, entre parenthÚses, je ne crois pas du tout qu’il soit souhaitable de remplacer cette étude par du “collaboratif” ou de “l’interactif”

Il y a une grande part de démagogie aussi dans le discours actuel qui consiste à dire que tout doit être rendu plus "facile" pour l’élÚve. (Certains articles en arrivent à comparer l’enseignement à du jeu vidéo)…

Contrairement à ce que dit Adrien, les contenus sont assez complets, même s’ils sont sous format papier ou pdf. Il y a les polys de cours, les notes du professeurs, des exercices corrigés… Bref, exactement la base de ce qui est donné aux étudiants du MIT… Ce que les étudiants du MIT ont en plus, et que le lecteur Internet n’a pas, c’est l’interaction directe avec le professeur (ou ses assistants) qui est évidemment importante mais évidemment coûteuse, les professeurs du MIT étant payés plusieurs centaines de milliers de dollars annuels pour assurer, à ce niveau, un ou deux cours par trimestre.

Pour information, il est possible, sur le site en ligne de Stanford, d’interagir avec le professeur comme un étudiant "du Campus" mais Stanford facture alors le coût de l’enseignement comme si l’étudiant était sur le Campus (soit environ 3 000 USD par cours)

Enfin concernant les droits. Faire adhérer tous les professeurs à une clause permettant de mettre en ligne le contenu des cours, c’est un vrai tour de force, qui serait sans doute impossible en France à cause du cadre légal de base (je rappelle qu’en France, les droits appartiennent, sauf transmission explicite au professeur alors qu’aux USA, les droits appartiennent à celui qui "finance". Le cadre légal français, trop favorable aux auteurs, est un vrai frein à la création de tels sites.

Well, I don’t agree at all. I think MIT ‘s initiative is a major revolution in learning history. I can only compare it to the invention of the Lyceum by Aristotle (or may be a mix of the Lyceum and of the Alexandry library).You can’t depreciate it under the argument that other free content initiative exist because the quality of the content is unique. You can’t compare this to Wikipedia, for instance. Professors who teach at MIT are very often the best worldwide experts in their specialty. Just take a look at the content in Physics or in Computer Science (in Computer Science, many classes are just not taught in France). Do you know lots of places where a Nobel Prize explains, with no vulgarization,  the latest findings related to General Relativity or Quantum Mechanics ?

You can’t depreciate it under the argument that the classes are "hard to follow, complex or not interactive enough". Yes, most of those classes actually are complex but MIT students typically work 10 to 20 hours for each hour of pure professor "teaching". This is usually hard personnal work and I just don’t think you can replace that by "collaborative" or "interactive" gimmicks. There is a lot of demagogy in the modern tendancy that says that everything should be made "easier" for the student. I even found some articles that compare teaching to video games !

Then, I don’t agree with Adrien when he says MIT content is uncomplete. MIT content is (relatively) complete, even if given mostly under paper or pdf form. You have class book references, professor notes, homework with professor corrections. In essence, you have what MIT sudents have ! What you miss is direct interaction with the professor or the professor’s assistant and of course it would be very nic eto have it but then that would be VERY costly for MIT to do this (MIT professors are payed several hundred thousand dollars yearly and just  deliver one or two classes a quarter, the rest of their work being research). So you can’t take too much of their time for Internet interaction. In Stanford, it is actually possible to interact with the Professor (during course time) exactly as if you were on Campus but then Stanford does charge you as if you were on Campus, i.e about $ 3 000 a class.

One last thing about intellectual property rights management. It is a real "tour de force" to have all campus professors approve a clause that allows to put their content online. This would be almost impossible to obtain in France because the legal framework is such that all rights belong to the professor by default, even if the university finances the work. I find the french legal framework too favorable to authors and as a consequence, it does bridle such initiatives.

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