Décidément, non, je n’aime pas le terme "rapid e-learning" !

J’évoquais dans un billet récent quelques raisons:
“- C’est fourre-tout et ça ne veut RIEN dire en termes d’applications. Ca n’apporte rien, si on sort d’une logique marketing. Pour tout dire, c’est ce que j’ai vu de moins bien depuis le terme “middleware”.
– Ca contient le terme “e-learning”, rien sur la formation traditionnelle qui reste quand même la base
– C’est anglo-saxon (ce qui n’est pas un défaut en soi, mais là c’est intraduisible, sans que l’anglo-saxon, pourtant si efficace pour former des néologismes, soit bien exploité)
– Ca ne contient pas ou ça n’évoque pas “ouvert”, “présentation”, “progression”, “enseignement”, “bon marché”, “facile” (entre autres).”

J’en rajoute une autre, c’est que “rapid” est un terme purement technique (au sens informatique du terme) qui me semble tout à fait nocif. Ca donne l’impression que le professeur va appuyer sur un bouton magique et qu’une formation toute prête va en sortir !

J’ai vu une journaliste l’autre jour (je ne dirai pas qui) qui me demandait “Alors, avec Speechi, ça va plus vite pour concevoir les cours ?”. Et bien, non, Madame, Speechi ne va pas vous aider à concevoir vos cours. Je dirai même que vous devriez vous méfier comme la peste de tout outil qui souhaiterait vous aider à concevoir vos cours, à commencer par les fameux “templates” de PowerPoint, dont je reparlerai un de ces jours dans un autre billet.

Je le dis et je le pète (1), quel que soit l’outil technique dont on se sert pour diffuser un cours, le temps passé sur le contenu reste incompressible et représente le “savoir-faire”, la matière grise du professeur. Il vaut mieux pour tous que ce ne soit pas trop “rapid”. Et ça me semble dangereux de cultiver la moindre ambigüité à une époque où une grande confusion résulte de la multiplication de toutes les formes de contenu et où certains outils (encore PowerPoint) prétendent même vous donner des contenus tous prêts tels que “Comment faire une présentation marketing” ou encore “Comment conduire une session créative !” (Je n’invente rien même si cette dernière phrase, ça fait un peu grincheux réactionnaire mais quand même, vous aimeriez, vous, être l’auteur ou le lecteur d’un “rapid book” ?)(2).

Evidemment, je sais bien qu’il faut appliquer le terme “rapid” au temps passé sur le logiciel lui-même, après la conception intellectuelle, pour donner la formation ou pour la publier. Et comme le but est de dégager du temps de conception, il vaut mieux que ces dernières tâches soient “rapides”. Mais alors, “rapid” n’est plus qu’un qualificatif informatique, un argument publicitaire sans aucun rapport avec le processus de formation lui-même.

Dans la même veine, pourquoi ne pas parler de “wireless e-learning” ou de “32-bits e-learning” ou encore “multi-processor server based e-learning” (3) ?

Je pense savoir comment tout ça va finir: les clients parleront de “vapor e-learning”. Et ils auront raison.

(Chers lecteurs, je comptais initialement vous proposer quelques pistes plus crédibles pour tenter de faire mieux que “rapid e-learning”,mais voilà que je me suis une fois de plus laissé embarquer dans une critique que d’aucuns qualifieront une fois de plus de stérile. Je vous promets des réflexions plus constructives, mais ce sera pour un prochain billet).

(1)J’allais le dire et le re-péter, mais je me rends compte que, n’ayant jamais encore écrit sur le sujet dans ce blog, je ne me repéterai donc que dans un futur billet.

(2)D’ailleurs, je ne suis pas le seul à le dire.Le général de Gaulle, Kate Moss et Claudia Schiffer ont déclaré la guerre aux templates tous faits et aux PowerPoints mal utilisés. Et quand Kate Moss s’exprime, il faut vraiment tendre l’oreille.

(3)J’attends vos suggestions…

Laisser un commentaire sur le blog