Je suis Camille

Qu’y a-t-il de commun entre un sportif de haut-niveau et un élève de prépa ?

  • Une sélection très forte (bien plus grande en sport qu’en prépa)
  • Des jeunes, parfois très jeunes en situation d’échec (tous échoueront et seront déçus, sauf le vainqueur – d’un côté, le major de l’X ; de l’autre, la médaille d’or aux Jeux Olympiques).
  • Une quantité de travail abrutissante (encore plus en natation qu’en prépa)
  • Des professeurs (ou des entraineurs)  qui les jugent de façon souvent très dure, parfois même humiliantes.
  • Les meilleures prépas sont souvent des internats – c’est aussi le cas de l’INSEP. Car la performance est souvent incompatible avec les sorties, le plaisir. Souvent Parfois, en prépa, elle est même incompatible avec le sexe !

Les points ci-dessus s’appliquent parfaitement aux émissions de télé-réalité du style Star Ac, Top Chef ou Koh-Lanta – et hélas, hélas !, aussi à  « Dropped ».

Les sportifs et les élèves de prépa sont des adolescents souvent brillants et doués. Ils repoussent à plus tard, beaucoup plus tard, toute satisfaction (le concours, la médaille)  le plus souvent sans vocation profonde – si ce n’est pour faire plaisir à un professeur , à maman ou parce qu’on se sent  « un destin ». Sur le plan psychologique, pas besoin de vous faire un dessin, ces jeunes ont souvent des profils très particuliers, « à risque » : pour beaucoup d’élèves de prépa, pour beaucoup de sportifs, la “récompense” n’arrivera jamais.

J’ai toujours des camarades de prépa, qui, à plus de 40 ans, justifient leurs choix professionnels en disant que “ça leur ouvre des portes pour plus tard”. Quand on refermera sur eux leur tombe, ils auront certainement encore la grande satisfaction d’avoir su garder toutes les autres portes bien ouvertes ! Et pour beaucoup de champions, la reconversion est difficile : on se plaignait de l’effort, mais il contenait en fait sa propre satisfaction et après, il n’y a plus rien.

Camille Muffat a débarqué dans nos vies aux JO de  Londres il y a 3 ans. Une grande fille simple, douée, intelligente et timide mais en même temps sûre d’elle – ou du moins elle arrivait à laisser penser aux autres qu’elle l’était. Un charisme immense, non pas extraverti mais en creux. Elle formait un couple exceptionnel, à l’écran, avec Yannick Agnel et je me souviens m’être dit, en regardant leurs interviews, qu’il n’y avait qu’un ou deux sportifs de cette envergure par génération en France. Des grands champions bien sûr, mais pas seulement. Il y a eu Platini peut-être, puis Noah puis pas grand-chose.

Elle avait su s’arrêter à temps très jeune, qualité qui nécessite un discernement rare chez un sportif. Contrairement à d’autres, elle ne serait jamais revenue parce que ni la gloire, ni l’effort  n’étaient pour elle une drogue. C’est sans doute ridicule mais je comptais beaucoup sur elle pour le futur, je comptais presque personnellement sur elle. Elle aurait fait de grandes choses, c’est certain.

Pour elle, le sport était un début, pas une fin. Ce qui était exceptionnel chez Camille Muffat, c’est que le meilleur était à venir.

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