Dans le train qui mène au salon ISE, à Amsterdam

Le salon ISE rassemble chaque année à Amsterdam la plupart des constructeurs de produits audiovisuels, interactifs, etc… On y voit rarement de vraies nouveautés (elles sont en général annoncées un ou deux ans plus tôt sur les salons américains), mais il y a pas mal d’annonces de produits qui vont sortir à court terme. Il permet de se faire une assez bonne idée de l’offre (pour employer le terme à la mode) des une à deux années qui vont suivre.

De Lille à Amsterdam, on traverse par trois pays et aucun passeport n’est plus nécessaire. C’était déjà le cas à la Belle Epoque et Stefan Zweig évoque avec nostalgie, dans les années 30, l’avantage et l’impression de liberté qu’il y avait dans « Le monde d’hier » à pouvoir voyager dans toute l’Europe sans pièce d’identité et sans visa. Qu’il y avait, car la Grande Guerre emporta tout cela et la libre circulation n’a été rétablie au sein de l’Europe qu’en 1997.

Avant 1914, l’Allemagne est au sommet de sa puissance et son industrie est devenue plus performante que les industries française et anglaise. Dans “Les 500 millions de la Begum” , Jules Verne compare les industries allemande et française en des termes qui, de façon stupéfiante, tiennent toujours aujourd’hui, y compris en ce qui concerne la formation des techniciens et des ingénieurs.

Avant 1914, c’est aussi l’ère de la première mondialisation (qui profite à toute l’Europe occidentale) et du capitalisme financier, qui profite surtout à l’Angleterre – c’est toujours le cas aujourd’hui, si on fait le lien entre tous les peuples de langue anglaise, comme le faisait Churchill et qu’on considère que les Etats-Unis sont aujourd’hui la nouvelle Angleterre, dont ils sont issus.

La continuité, c’est maintenant !

Les traits principaux de l’Europe actuelle sont donc pour une très large part hérités de ceux de l’Europe d’avant 1914, comme si notre histoire récente, les cent ans qui nous séparent du début de la Guerre n’avaient été qu’une parenthèse (non pas enchantée, mais tragique, si on pense au désastre absolu que représentent, pour des motifs différents, les deux guerres mondiales). De façon stupéfiante, ces particularités nationales se sont transmises à travers les guerres et à travers les 60 années de dé-nationalisation que représente la construction européenne.

Ce qui a changé radicalement depuis la Belle Epoque, c’est la position de l’Europe dans le monde, son environnement. Au salon ISE, plus de 50% des stands présentent aujourd’hui des produits d’origine chinoise. Mais là encore, on peut considérer que la Chine, dont le rôle dans les échanges mondiaux a toujours été dominant depuis plus de 1000 ans (1), est tout simplement de retour après une parenthèse de 150 ans ouverte par la guerre de l’Opium en 1840 et refermée sous Deng Xiao Ping.

En quoi ces considérations vont-elles nous aider à mieux analyser les nouveautés annoncées au salon ISE et les évolutions, somme toute assez basiques, des marchés et des usages qu’elles annoncent et dont je vous parlerai la semaine prochaine ?

Je n’en sais fichtre rien. Force est de reconnaître que dans un salon ISE assez simple, j’arrivais avec des idées assez compliquées.


(1) Voir à ce sujet les extraordinaires travaux d’Angus Maddison, qui retracent l”économie du monde sur une période de 2 000 ans.

(1) commentaires pour "Dans le train qui mène au salon ISE, à Amsterdam"

  1. Bonjour Thierry,

    Pour être passé sur place mardi , moi ce qui me touche quand je vais à l’ISE, c’est la différence de technologie disponible entre la chine et nous …Ce qui nous semble nouveau pour nous est pour eux déjà une commodité…
    Seule la barrière des langues et des imports semble encore nous distancer.
    Mais je pense que l’apport de leurs nouveautés me stimule de mon coté pour améliorer .ma manière de travailler et mon envie aussi de progressé jour après jour.
    Bon salon !

    Olivier Ide
    Visio-id.be

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