Ecole numérique: les Etats-Unis avancent, pas la France.

Les lecteurs de ce blog le savent depuis des années, l’usage de la technologie en classe n’améliore pas – ou pas beaucoup – le niveau des élèves. Ce point est étayé par de nombreuses études indépendantes (en insistant sur le terme “indépendant” tant il est vrai qu’il y a deux grandes classes d’étude, celles financées par les constructeurs (les plus nombreuses) et les autres.

La presse généraliste commence à s’en rendre compte et Le Monde a publié aujourd’hui un article sur le sujet (A quoi servent les tablettes à l’école), que je vous invite à lire. Mais dans son article paru la veille (“Pourquoi l’école a-t-elle tant de mal à passer au numérique ?“), le même auteur, Maryline Baumard, déplorait le faible usage de l’informatique à l’école, ce qui est tout à fait paradoxal (si l’informatique est inutile, qu’importe qu’elle ait du mal à pénétrer l’école ? On devrait au contraire s’en réjouir !).

Maryline Baumard parle d’une “frénésie mondiale en matière d’équipement des écoles” (cette frénésie, symptôme de perte de capital scolaire, a été dénoncée à de multiples reprises dans ces colonnes).

C’est l’évaluation qui crée le progrès.

Maryline Baumard compare des initiatives françaises et américaines qui ont échoué (prêt d’ordinateurs aux élèves dans les Landes et en Californie). Le véritable problème n’est pas tant ni dans les sommes dépensées, ni dans l’échec (après tout, sans expérimentation, pas de progrès). Mais les français n’ont rassemblé aucune donnée quantitative sur l’expérimentation (pas d’échantillonnage, pas de groupe témoin…). Et sont donc incapables de se servir de cette expérimentation pour progresser (Voir l’interview stupéfiante d’Henri Emmanuelli qui admet benoîtement, 12 ans et 52 millions d’euros dépensés plus tard, “avoir quelques difficultés à annoncer des résultats dans leur globalité” !

Moyennant quoi, le Conseil Général des Landes “souhaite poursuivre sa mission d’équipement dans l’intérêt des collégiens” !

Aux Etats-Unis, des études plus rigoureuses – indépendantes à la fois du pouvoir politique et des constructeurs – ont été réalisées. Elles permettent d’aboutir à la conclusion que “L’Etat doit faire preuve de prudence et être réaliste quant à l’efficacité des politiques visant à réduire l’écart digital entre les élèves des familles favorisées et les autres.

Dépenser, expérimenter ne sert à rien si un cadre d’étude minimal n’est pas fixé à l’avance pour permettre de tirer les leçons de l’expérimentation. Nulle part, je ne vois un tel cadre dans le contexte français – je vois surtout un fouillis d’idées, d’a prioris et une absence totale de remise en cause. Dans 10 ans, si rien n’est fait, nous en serons au même point.

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