De Stanford à Florange

Stanford

Il est très intéressant de regarder comment les choix d’option des étudiants de Stanford ont évolué dans le temps sur une cinquantaine d’années. Ces choix sont très révélateurs au sens où ils reflètent les tendances de l’époque et les anticipent à la fois.

Dans les années 50 / 60, les étudiants s’orientaient vers une formation dite classique (mélangeant histoire et sciences politiques), destinée principalement à des hommes blancs. Cette formation menait alors vers des postes de cadres dirigeants ou de politiciens, via la business school ou la law school, qui sont aux USA, ce que Polytechnique ou l’ENA sont en France.

Dans les années 70 à 90, sous l’influence des études du “gender” et (surtout) des mouvements d’action positive (“affirmative action”), l’éducation classique tend à disparaître car elle est considérée comme biaisée (socialement, racialement, sexuellement). Les programmes s’orientent vers les sciences sociales, censées corriger le biais, et, aussi à partir des années Reagan, vers la finance.

Ce cycle est maintenant terminé (alors que, sous de nombreux aspects, il démarre tout juste en France).

Aujourd’hui, l’option informatique est devenue l’option la plus prisée de Stanford. Plus de 90% des élèves de maîtrise, toutes options confondues, ont suivi au moins un module informatique (dont évidemment le célèbre cours de “Computer Engineering”, suivi par 650 étudiants chaque trimestre et qui mobilise une équipe pédagogique d’une vingtaine personnes à lui tout seul). Encore plus significatif, plus de 50% des étudiants post-maîtrise suivent une option ingénieur (contre 10 % à Harvard et 4% à Yale). Ces chiffres dépassent de loin les chiffres observés pendant la bulle Internet, au début des années 2000.

Cela veut dire grosso modo que de Stanford sortent chaque année environ 500 ingénieurs de haut niveau spécialisés en informatique (la qualité de la formation scientifique à Stanford est au moins égale à celle qu’on rencontre dans nos meilleures grandes écoles d’ingénieurs, X, Centrale, Mines) – contre, toujours grosso modo, zéro en France, les meilleurs ingénieurs français suivant une formation “généraliste”, qui souvent est d’ailleurs plus un alibi qu’autre chose.

Il est évident que les 500 diplômés de Stanford ne deviennent pas tous des informaticiens. Mais de par sa localisation, sa culture, son histoire, c’est à Stanford qu’on sent le mieux que l’informatique est devenue une matière fondamentale, indispensable pour comprendre le monde qui nous entoure et y agir, comme l’histoire, la géographie, le latin. ..

Et il y a certainement beaucoup plus de “redressement productif” à espérer pour la France en modifiant en ce sens le programmes des écoles qu’à Florange. Je parle non seulement des grandes écoles d’ingénieurs, mais aussi de Sciences-Po, de l’ENA, d’HEC et de tout le cycle supérieur et secondaire, dès la 6ème.

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