“Sur le Web, la publicité détourne du contenu” (Steve Jobs)

Cette citation est à rapprocher de celle d’Obama (“l’information est en train de devenir une distraction, un détournement plutôt qu’un outil permettant une vraie émancipation“), dont j’avais parlé dans un précédent billet.

Les termes utilisés par Steve Jobs et Obama sont ceux-là même que j’employais dans mon article “Comment Google contribue au rétrécissement du savoir“.

La publicité a pris, depuis un siècle, une place de plus en plus importante dans nos vies.

L’encart inséré dans une page de journal est devenue publicité radiophonique, puis télévisuelle son impact augmentant avec l’évolution des technologies de communication.

La société la plus emblématique des 10 dernières années, Google, est une régie publicitaire capable d’insérer dans des pages des liens presqu’invisibles mais de plus en plus pertinents et optimisés. La façon d’agir de Google est significative: peu importe à Google comment agissent les liens sponsorisés sur notre cerveau, mais Google cherche à optimiser cet effet en optimisant un taux de clic.

En toute innocence, on arrive à une capacité d’influence remarquable et toujours croissante qui a réussi à influencer le destin du monde bien plus que toute propagande politique.

Steve Jobs, un des 10 hommes qui comprend le mieux ce qu’on appelle “l’expérience utilisateur” comprend évidemment tout ça.

Son objectif réel, à travers ces déclarations, est de développer la régie publicitaire d’Apple au détriment de celle de Google. (Apple vient de développer pour l’Iphone un module qui bloquera les publicités contextuelles de Google).

Il faut écouter ce que dit Steve Jobs, c’est toujours intéressant et savoureux. Il est de mauvaise foi, mais d’une façon très particulière.

Contrairement à la plupart des communicants professionnels, il n’assène pas des contre-vérités, il n’utilise pas la langue de bois. Il donne un éclairage partiel – et partial – sur les faits, mais ne les transforme pas.

Sa dernière sortie sur les piètres performances de Flash, ou des environnements de développement non spécifiques à Apple avait évidemment pour but de démolir Adobe, mais l’argument technique invoqué était absolument pertinent.

Steve Jobs est une lumière qui n’éclaire certes qu’un côté de la réalité, mais c’est déjà quelque chose, dans notre théâtre d’ombres.

Laisser un commentaire sur le blog