Fourgous est plus intelligent que son rapport, Speechi à Rennes et des excuses.

Un très bon article sur le piège du numérique (via le Café Pédagogique).

Je suis à peu près en phase avec les arguments et les exemples employés, mais je trouve qu’il y a une contradiction inhérente à développer ces arguments et à se prétendre simultanément “enthousiaste avec le rapport Fourgous” comme le fait Pierre Frackowiak.

Heureusement, je pense que 100% des gens qui se prétendent enthousiastes avec le rapport ne l’ont pas lu. Si on le lit, et à supposer qu’on puisse être d’accord, l’enthousiasme ne peut que disparaître irrémédiablement au profit d’un profond ennui.

Fourgous lui-même est intervenu à Rennes lors des Rencontres du Numérique où j’ai passé les 2 derniers jours et j’ai trouvé que ce qu’il disait était nettement au dessus de son fameux rapport : beaucoup moins affirmatif, plus nuancé, plus crédible.

Je suppose donc qu’il n’a pas non plus écrit 100% de ce rapport, ce qui est tout à son honneur. si ça se trouve, il ne l’a même pas lu, ce qui montrerait qu’en plus il a le sens de l’humour.

J’aurais pu être d’accord avec tout ce qu’a affirmé Fourgous hier à l’exception des deux points ci-dessous:

  • Il faut “y aller” parce que tout le monde (Royaume-Uni, Finlande, etc…) le fait ou l’a fait.
  • Ce genre d’argument devait être invoqué dans toutes les banques qui achetaient des subprimes sans réfléchir.

    Même si on décide “d’y aller” au nom d’une vision plus politique que logique, même si on décide d’y aller massivement, il faut comprendre pourquoi on y va, définir des objectifs précis (donc réfutables), faire mieux – donc différemment – que les autres pays et surtout se donner les moyens d’évaluer simultanément les investissements réalisés.

    Copier avec 10 ans de retard, c’est une stratégie de pays du tiers-monde et le génie français, c’est de savoir faire-mieux.

  • Au lieu de mettre 80% dans le matériel et 20% dans la formation comme en Angleterre, on va faire du 50/50.
  • Evidemment, cet argument satisfait tous les lobbies de l’Education Nationale (former les professeurs, cela veut dire donner du travail à d’autres professeurs, continuer à faire tourner la machine en boucle et surtout, surtout !, continuer à exercer du contrôle).

    La stratégie qui consiste à mettre 100% dans le matériel, bien qu’iconoclaste, ne serait pas si absurde (1).

    Dans tous les pays où le numérique a décollé, et je pense en particulier à la Silicon Valley que je connais bien, cela s’est fait naturellement.

    Il s’agit plus de réunir un certain nombre de conditions (politiques, culturelles) que de former (voir mon billet récent sur le “laisser-faire numérique”).

    Il y a un paradoxe inhérent à vouloir contrôler le numérique tout en affirmant qu’il donne plus de liberté et qui plus est, qui formerait les formateurs ? Car la France est réellement un pays du tiers-monde dans le domaine du numérique.

    Le paramètre “formation des professeurs” devrait donc absolument être évalué (je parle d’une évaluation aléatoire) et non pas décrété.

    C’est exactement la même chose pour les ressources pédagogiques, le niveau d’investissement par établissement, par niveau scolaire, par “zone”, le niveau de soutien scolaire, les classes mobiles…

    La méthode aléatoire permet d’obtenir des résultats rapides de façon peu coûteuse et à partir de là, d’infléchir les politiques.

    En mesurant l’efficacité relative de différentes mesures, les expérimentations aident les décideurs à mieux dépenser l’argent public.

    Toutes mes félicitations à Yann Postic qui a organisé ces rencontres. Les exposants étaient logés dans tes tentes militaires de plus de 20 mètres carrés et en extérieur. Très original et idéal en fait, pour montrer les avantages des outils nomades ITsac et eBeam.

    Pas de photo malheureusement car mon téléphone est tombé en panne. J’adresse mes excuses confuses à tous ceux que je n’ai pas pu rappeler depuis 2 jours.

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